Synopsis
Les confessions de Michka, rescapé de la machine meurtrière nazie, nous entraînent dans le maelström de la fuite ahurissante d’un jeune garçon juif, âgé d’une dizaine d’années qui s’échappe du ghetto de Bialystok et échoue dans la forêt. Là, il connaît la faim, le froid, la douleur et surtout la solitude. Dans cet univers glacé, il se heurte soudain à une horde de loups… « Quelques-uns me jetèrent un regard triste, sans manifester d’hostilité particulière. Je sentis mon corps se figer et mon cœur battre à tout rompre dans l’attente d’une attaque soudaine, qui ne vint jamais… »
Cela nous ramène inévitablement à l’échafaudage imaginaire de Misha Defonseca et à sa condamnation à l’oubli d’autres innocents parmi les loups qui se retrouvaient plus seuls et plus abandonnés que jamais.
http://www1.alliancefr.com/livre-juif-les-confessions-de-michka-de-therese-zrihen-dvir-news0,291,26926
.htmlhttp://pdf.bretagne.over-blog.com/2014/01/tribune-libre-point-de-vue-et-constat-1
.htmlhttp://www.juif.org/blogs/54895,les-confessions-de-michka-de-therese-zrihen-dvir.php
http://www.europe-israel.org/2014/01/les-confessions-de-michka-de-therese-zrihen-dvir/
http://www.europe-israel.org/2014/01/les-confessions-de-michka-un-livre-de-therese-zrihen-dvir/
http://www.judaiquesfm.com/emissions/71/presentation.html
https://www.france-israel.org/articles.ahd?idart=5864
http://www.radiochalomnitsan.com/emissions/pause-litt%C3%A9raire-9
Afficher les commentaires dans toutes les langues (2)
therese dvir –
Les confessions de Michka, de Thérèse Zrihen-Dvir publié
chez Tatamis
« Homo homini lupus »
Tout ce qui, de près ou loin, touche à la Shoah est marqué
le plus souvent du sceau de l’hystérie, bien plus rarement
de la volonté d’explorer tous les possibles d’une manière
objective. Nous en arrivons alors à deux conceptions
extrêmes : d’une part ceux, qui après avoir dépassé le
négationnisme des chambres à gaz, iront jusqu’à remettre
en cause l’holocauste lui-même en contestant la moindre
mort d’un gamin dans un ghetto et d’autre part ceux prêts
à tout pour étayer l’inénarrable souffrance des victimes
et la spécificité indépassable du génocide en croyant un
jour peut-être à l’intervention d’extra-terrestres dans
le sauvetage des innocents.
Ainsi la question qui nous est posée est périlleuse, elle
nous demande de garder notre intégrité et notre lucidité
sans abandonner lâchement le sujet. C’est ce que tente de
faire Thérèse Zrihen-Dvir dans son dernier ouvrage :
Les confessions de Michka. L’affaire est délicate. Sur
la couverture un beau portrait d’un garçon aux yeux clairs,
un couple de loups et une phrase en exergue : « Certains
ont réellement survécu avec les loups ». Nous comprenons
très vite de quoi il s’agit : Un enfant juif d’une dizaine
d’années, suite à l’invasion, par les nazis, lors de
l’opération Barbarossa, de la partie Est de la Pologne
s’enfuit du ghetto de Bialystok. Après de rudes péripéties,
il passera trois ans et demi en forêt avec des loups comme
compagnons … On pense évidemment au scandale que
provoqua le livre « Survivre avec les loups »
de la faussaire Misha Defonseca.
Thérèse Zrihen-Dvir, mon amie Thérèse, ne fait pas
l’impasse dessus. Elle le transforme même en angle
d’attaque dès le début : « L’imposture devait-elle
enterrer à tout jamais l’expérience probablement
vécue par d’autres ? Ne leur avait-elle pas, sans
les connaître, volé leur propre histoire ?
L’injustice et la négation devaient-elles
ponctuer définitivement son mensonge ? ».
Elle a rencontré Michka à Haïfa dans un appartement
« littéralement envahi par un foisonnement de fleurs
et une végétation luxuriante ». Michka est sûrement
toujours en forêt et les odeurs, les couleurs doivent
lui rappeler la sécurité relative, mais bien réelle,
des bois de son enfance tragique. Nous ne doutons pas
en progressant dans la lecture des drames passés, de
la culpabilisation d’avoir laissé les siens à la
férocité des bourreaux et dans un réflexe animal
d’avoir d’abord « sauvé sa peau ». Mais pour survivre,
avant de trouver l’aide miraculeuse de la nature,
Michka mentira un peu à tout le monde, aux polonais
comme aux allemands, aux « âmes généreuses » comme
aux chasseurs de juifs. Il dira lui-même : « J’étais
devenu un voleur et un affabulateur … Un fieffé coquin
en somme. Mais où donc est la vérité dans ce bas monde
où l’arbitraire règne en maître absolu ? Et qui suis-je
au fond ? » Michka a survécu mais tous ses repères ont
volé en éclats tranchants et sanglants. Que restait-il
de l’enfance, des souvenirs des jours simples, monotones
et heureux, des visages de ses parents, de son frère
et de sa sœur ? En suivant son odyssée qui croisa les
Partisans, les troupes russes, l’armée rouge, Moscou …
puis les routes hostiles et les labyrinthes vers Eretz,
on le voit désespérer de l’humain et au fond ne tenir
qu’en repensant aux jours passés au milieu de ceux que
l’on nomme les animaux sauvages mais dont la sauvagerie
lui apparut comme le véritable mensonge, au regard du
comportement terrifiant de ses frères humains. Même son
retour, à la fin des hostilités, dans les restes de
Bialystok sera marqué par les cris de haine de sa
communauté : « Fichez-nous la Paix ! Vous n’êtes pas
juif, vous ne ressemblez à aucun de nous. Allez-vous-en !
Sinon nous vous abattrons » Méprise, peur, peur de l’autre
si proche et si étrangement étranger. C’est la raison pour
laquelle aujourd’hui Michka, invalide, avec ses dernières
forces se consacre aux indigents, « la nationalité, la race
et la religion lui important peu … ». Que devons-nous
tirer de ce livre insolite et prenant, romanesque et
tragique ? Une partie de la réponse nous est apportée
par Thérèse Zrihen-Dvir : « Scepticisme et incrédulité
m’ont talonnée tout au long du parcours » mais,
« il n’était plus à la lutte pour le pain, le toit,
la sécurité … Il vivait sa déchéance, son humiliation,
sa ruine totale, au point de ne plus conserver grand
chose d’un être humain mais de se rapprocher à un degré
inconcevable de la figure d’une bête monstrueuse …
Et c’est bien là l’aspect le plus horrible de la Shoah.»
Alors ? Peu importe l’exactitude, dans son cas,
l’exactitude historique scientifique et incontestable ?
Ce que je crois savoir c’est que Michka, comme beaucoup
d’habitants de ces régions, a vu des loups et ces loups,
sûrement, ont passé leur chemin alors que d’autres loups
déguisés en hommes, soldatesques féroces et impitoyables,
ont chassé en meute l’innocence et la pureté.
Je crois que cet enfant immaculé a pu survivre en
donnant très vite au Réel la force de l’onirique.
Bien sûr les histoires d’hommes et de loups sont
présentes partout dans la littérature mondiale et
les films, les témoignages, les travaux des
spécialistes nous montrent cette curieuse connivence
entre l’Homme et le loup. Il existe un besoin de se
débarrasser des Loups-Garous, Bêtes du Gévaudan et
autres Chaperons rouges de notre enfance. Et si l’on
nous lit les contes et la peur du loup, l’on oublie
toujours les quelques lignes de la morale de Charles
Perrault : « On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
De tous les Loups sont les plus dangereux. »
En refermant le livre je songeais avec douleur que
Michka nous parlait de lui à travers ses compagnons
d’infortune. Les loups réels ou imaginaires étaient
les seuls interlocuteurs de ses nuits de terreur. Ils
devenaient même les seuls locuteurs possibles de son
effroyable histoire. Les hommes sont parfois cyniques
et ils ne supportent qu’avec sarcasmes le pathétique.
Alors laissons la parole aux bêtes et aux dieux qui
intercèdent plus efficacement dans l’indicible.
La présence inquiétante et rassurante des carnivores
affamés permettaient à Michka d’attendre chaque jour,
chaque semaine et chaque mois. Thérèse Zrihen-Dvir écrit
fort justement : « On attend toujours un quelque chose …
On vit dans l’attente d’un plus tard, d’un lendemain
meilleur, d’une maturité, d’un bonheur, d’une rencontre,
d’une trêve, d’un miracle … »
Au fond Michka apprit les hommes par les loups. Parce
que c’est quoi les hommes ? Ce sont des Seigneurs et
des mendiants. Des Adonis et des gueux. Des loups et
des agneaux. De très petites choses fragiles qu’un rien
suffit à vaincre parfois, mais aussi des montagnes
éternelles où naissent les ruisseaux.
Jean- Marc DESANTI
therese dvir –
LES CONFESSIONS DE MICHKA
N’était-ce pas lui mon peuple, qui avait sans cesse été
vaincu par tous les autres peuples, toujours et
toujours et que pourtant leur survivrait grâce à une
force mystérieuse, la force de volonté réaffirmée d’y
résister ? Ne l’avaient-ils pas prévue nos Prophètes
cette perpétuelle existence traquée, ces perpétuelles
expulsions………….? Stefan Zweig « Le monde d’hier »
Les confessions de Michka de Thérèse Zrihen Dvir
dégagent dès le début le désarroi et la tristesse
d’un homme revenu à l’enfance pour communiquer
par delà les mots pourquoi il s’était trouvé
jeté dans la solitude au milieu des forêts
enneigées où seuls les loups furent humains.
Dans ce récit le langage garde toute sa vérité,
toute sa magie. Il lui est ôté cette facilité
qui consiste en nommant les choses à les effacer
devant un écran de familiarité. L’inquiétude
provoquée par le sort de Michka est troquée
par la quiétude, l’étonnement et l’émotion presque
religieuse qui nous plongent dans la réalité de
« cela fut ».
Thérèse nous force à nous réveiller, à écarter toute
explication, à nous empêcher de glisser de geste en geste,
d’événement en événement, elle nous force encore
et encore à constater même aujourd’hui les mêmes
comportements abjects, la même inhumanité, la même
imbécilité et nous oblige à dire : « nous refusons de
partager Abraham avec pareille engeance, à refuser
même de comparer le plus humble animal car les
animaux sont très humains pour avoir à
partager leurs gènes avec ceux -là.
Quelle émotion pour moi d’avoir lu ce récit!!!!
Cordialement
LEA TERBACH